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Comment les femmes sont entrées à l’ordre des architectes?
PORTRAIT DES PREMIÈRES INSCRITES À L’ORDRE RÉGIONAL
DE LA CIRCONSCRIPTION DE PARIS
Introduction
En 2016, les femmes représentent 28 % des inscrits à l’Ordre des architectes à l’échelle nationale : elles demeurent donc globalement minoritaires au sein de cette institution. Ce faible pourcentage de femmes interroge : pourquoi les femmes n’occupent-elles pas la même place que les hommes, quelques 77 ans après la création de cet ordre professionnel ? Cette situation questionne à double titre lorsque l’on rappelle la présence croissante des femmes dans les écoles d’architecture depuis la fin du XIXe siècle, présence que les études statistiques développées depuis le début des années 1980 précisent : les femmes représentaient 29,2 % des diplômés « DPLG » (diplômés par le gouvernement) en 1983-84, 46 % de cette population en 1999-2000, et 55 % des diplômés « ADE » (architectes diplômés d’État) en 2009.
Ajoutons enfin à ce « tableau » introductif que les femmes sont présentes en plus grand nombre dans d’autres professions libérales, telles les avocats et les médecins, professions qui ont engagé leur processus de féminisation trois décennies plus tôt que les architectes.
Comment expliquer alors que ce phénomène perdure dans le temps ? Il semble que divers mécanismes, aux effets parfois contradictoires, agissent concomitamment :
parallèlement à l’augmentation générale de la population des femmes inscrites, qui n’est cependant connue avec précision qu’à partir du début des années 1980 (7,5 % en 1982, 11,7 % en 1990, 16,3 % en 1999), et à la hausse de la part des femmes parmi les nouveaux et nouvelles inscrits à l’Ordre (elles représentent 31,20 % des nouveaux inscrits en 2000 et 49,5 % en 2016), il est possible d’observer qu’une partie des femmes ne s’est pas inscrite à l’Ordre – pourcentage plus ou moins important de la population professionnelle totale féminine, selon les périodes. Le fait que certains architectes aient choisi ou n’aient pas eu besoin de s’inscrire à l’Ordre s’explique en partie, selon Nathalie Lapeyre, par le contexte de crise économique que les jeunes diplômés et notamment les femmes, ont rencontré à la sortie de leurs études au début des années 1970. À ce moment charnière du processus de féminisation, les agences n’étaient plus en capacité d’accueillir et de former les diplômées qui se sont orientées vers d’autres pratiques professionnelles qui ne nécessitaient pas forcément une inscription à l’Ordre. Cependant, cette analyse qui peut s’appliquer également à la population des hommes, n’est pas suffisante.
On pourrait également évoquer les attitudes très hétérogènes des inscrits au sein de l’Ordre, qui parfois « décrochent » et se désinscrivent.
Ne faut-il pas, cependant, aller regarder du côté de l’institution elle-même et de son histoire, pour comprendre comment les femmes sont entrées dans cet ordre professionnel et comment s’est définie leur position au sein de cette institution ?
La présence des femmes à l’Ordre avant les années 1980 est très mal connue : l’article qui suit, propose d’observer attentivement le groupe formé par les femmes inscrites auprès de l’Ordre régional de la circonscription de Paris, au moment de sa création et dans les dix années qui suivirent, pour tenter de mieux connaître cette population de pionnières et de saisir les raisons pour lesquelles elles choisissent de rejoindre le tableau ordinal.
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